dimanche 27 mars 2016

Une Europe majeure? Fédérale, il va sans dire...!

Nous avons montré dans un précédent article (Une fédération des nations du Monde) que la planète laissait, d'ores et déjà, paraître les germes d’une primo-organisation en grandes entités géographiques, historiques ou économiques homogènes. Premier pas, selon nous, vers un gouvernement fédéral mondial en devenir.

Or, il faut bien le reconnaitre ces entités géographiquement (ou historiquement) homogènes sont, en fait, encore à l’état de gestation sur le plan politique. 
Pourquoi?
Prenons l’exemple de l’Europe. L'échec électoral du traité de constitution européenne en France et dans quelques autres pays européens en 2005 ne s’expliquait que par la timidité de la proposition et son manque de cause commune. Comment convaincre avec une constitution alambiquée et limitée à des aspects normatifs et statutaires au service d'un consumérisme omniprésent et dont le seul aspect politique était une timide présence d’un président du Conseil Européen sans aucun pouvoir, d’un pseudo-ministre des Affaires Étrangères inaudible et un parlement encore entravé par les dictats des états-nations. 

Comme pour le gouvernement mondial qui ne pourra être que fédéral, c’est seulement autour de l’idée fédéraliste (ou mutualiste) que pourra se créer l’entité européenne. Entité dont les pouvoirs et les champs d’application seront bien délimités en respect des régions et des nations qui la constituent et qu’elle protège, et sur le principe de la subsidiarité qui impose que ses attributions ne soient, par essence,  que celles pour lesquelles il est clairement prouvé qu’elle seront mieux gérées par l’union fédérale que par chaque entité fédérée individuellement. Que nous importe une Europe qui décide de la couleur des crépis ou de la nature des toitures des maisons en Provence ou dans la Ruhr, de la date d'ouverture de la pèche en rivière en Ecosse ou en Galice! 

L’Europe politique sera efficace et attrayante quand elle s’occupera de la régulation de la monnaie et de l’économie dans une optique qui ne soit pas uniquement mercantile mais, avant tout, sociale et porteuse d’emploi, quand elle aura organisé une fiscalité qui interdira que le Luxembourg ou l’Irlande ne soient en Europe-même des paradis fiscaux où l’évasion fiscale est reine et ronge tous les budgets nationaux, quand elle aura mis sur pied une protection sociale alignée sur les plus hautes exigences telles que celles de la Scandinavie ou de la France, quand elle aura une portée unanime et puissante sur l’échiquier mondial pour influer sur les solutions à mettre en œuvre dans les conflits internationaux, quand elle appliquera des règles claires et humanitaires en matière d’accueil équitable de réfugiés et migrants, quand son action volontariste enrayera la montée des partis nationalistes et xénophobes, quand elle sera, à terme, le fer de lance de la préfiguration d’un gouvernement fédéral mondial…

Et cette Europe politique sera bien fédérale, ou ne sera pas. Pour être aimée par les près de 500 Millions d'habitants qui la peupleront, de Malaga à Kuopio, de  Belfast à Kalamata, de Syracuse à Malmoe, elle se devra de respecter et de défendre chacune des régions qui la constituent dans son ensemble, de leur accorder une autonomie dans leurs spécificités géographiques, historiques, sociales et culturelles que seule une constitution fédérale permet. Elle ne pourra être que fédérale ou mutualiste...(lien ici)

Mais on n'y parviendra pas par une simple succession de référendums dans chacun des 28 états qui la constituent aujourd’hui. Ce n’est jamais comme cela que les grandes unités se sont constituées dans le passé, ni en Italie, ni en Allemagne, ni en Grande-Bretagne, ni même en France. Et ni même aux États-Unis ou au Brésil, autre grande république fédérale. Il faut un ferment fort, un catalyseur d’engouement, un désir d’avenir commun. Et ce ferment, ce catalyseur, en Europe, ne peut venir que d’un rapprochement constitutionnel entre l’Allemagne et la France. Symbole fort, s’il en est, d’une volonté de fusionner, dans un gouvernement fédéral limité à des domaines bien définis, de ces deux pays tragiquement antagonistes pendant une grande partie de leur histoire mais si proches par leur position et leur état d’avancement économique et social. Ainsi constituée, cette fusion en un gouvernement fédéral de l’Allemagne et de la France catalysera un à un (comme ce fut le cas à partir de 1960 pour le Marché Commun), tous les autres pays européens qui le voudrons vraiment et qui en accepteront la cause commune*. 
Voir l'article consacré à ce point plus précis (Pour une fusion politique de la France et de l'Allemagne).

*Thomas Piketti préconise, lui, une union préalable composée de la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. Les réactions à mon papier dans l'Obs faisaient aussi état du Bénelux et la Scandinavie dans ce premier cercle... On voit bien l'effet catalyseur que cette première fédération européenne provoquera sur les autres pays faisant cause commune avec l'idée d'une Europe majeure.

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