dimanche 27 mars 2016

Une Europe majeure? Fédérale, il va sans dire...!

Nous avons montré dans un précédent article (Une fédération des nations du Monde) que la planète laissait, d'ores et déjà, paraître les germes d’une primo-organisation en grandes entités géographiques, historiques ou économiques homogènes. Premier pas, selon nous, vers un gouvernement fédéral mondial en devenir.

Or, il faut bien le reconnaitre ces entités géographiquement (ou historiquement) homogènes sont, en fait, encore à l’état de gestation sur le plan politique. 
Pourquoi?
Prenons l’exemple de l’Europe. L'échec électoral du traité de constitution européenne en France et dans quelques autres pays européens en 2005 ne s’expliquait que par la timidité de la proposition et son manque de cause commune. Comment convaincre avec une constitution alambiquée et limitée à des aspects normatifs et statutaires au service d'un consumérisme omniprésent et dont le seul aspect politique était une timide présence d’un président du Conseil Européen sans aucun pouvoir, d’un pseudo-ministre des Affaires Étrangères inaudible et un parlement encore entravé par les dictats des états-nations. 

Comme pour le gouvernement mondial qui ne pourra être que fédéral, c’est seulement autour de l’idée fédéraliste (ou mutualiste) que pourra se créer l’entité européenne. Entité dont les pouvoirs et les champs d’application seront bien délimités en respect des régions et des nations qui la constituent et qu’elle protège, et sur le principe de la subsidiarité qui impose que ses attributions ne soient, par essence,  que celles pour lesquelles il est clairement prouvé qu’elle seront mieux gérées par l’union fédérale que par chaque entité fédérée individuellement. Que nous importe une Europe qui décide de la couleur des crépis ou de la nature des toitures des maisons en Provence ou dans la Ruhr, de la date d'ouverture de la pèche en rivière en Ecosse ou en Galice! 

L’Europe politique sera efficace et attrayante quand elle s’occupera de la régulation de la monnaie et de l’économie dans une optique qui ne soit pas uniquement mercantile mais, avant tout, sociale et porteuse d’emploi, quand elle aura organisé une fiscalité qui interdira que le Luxembourg ou l’Irlande ne soient en Europe-même des paradis fiscaux où l’évasion fiscale est reine et ronge tous les budgets nationaux, quand elle aura mis sur pied une protection sociale alignée sur les plus hautes exigences telles que celles de la Scandinavie ou de la France, quand elle aura une portée unanime et puissante sur l’échiquier mondial pour influer sur les solutions à mettre en œuvre dans les conflits internationaux, quand elle appliquera des règles claires et humanitaires en matière d’accueil équitable de réfugiés et migrants, quand son action volontariste enrayera la montée des partis nationalistes et xénophobes, quand elle sera, à terme, le fer de lance de la préfiguration d’un gouvernement fédéral mondial…

Et cette Europe politique sera bien fédérale, ou ne sera pas. Pour être aimée par les près de 500 Millions d'habitants qui la peupleront, de Malaga à Kuopio, de  Belfast à Kalamata, de Syracuse à Malmoe, elle se devra de respecter et de défendre chacune des régions qui la constituent dans son ensemble, de leur accorder une autonomie dans leurs spécificités géographiques, historiques, sociales et culturelles que seule une constitution fédérale permet. Elle ne pourra être que fédérale ou mutualiste...(lien ici)

Mais on n'y parviendra pas par une simple succession de référendums dans chacun des 28 états qui la constituent aujourd’hui. Ce n’est jamais comme cela que les grandes unités se sont constituées dans le passé, ni en Italie, ni en Allemagne, ni en Grande-Bretagne, ni même en France. Et ni même aux États-Unis ou au Brésil, autre grande république fédérale. Il faut un ferment fort, un catalyseur d’engouement, un désir d’avenir commun. Et ce ferment, ce catalyseur, en Europe, ne peut venir que d’un rapprochement constitutionnel entre l’Allemagne et la France. Symbole fort, s’il en est, d’une volonté de fusionner, dans un gouvernement fédéral limité à des domaines bien définis, de ces deux pays tragiquement antagonistes pendant une grande partie de leur histoire mais si proches par leur position et leur état d’avancement économique et social. Ainsi constituée, cette fusion en un gouvernement fédéral de l’Allemagne et de la France catalysera un à un (comme ce fut le cas à partir de 1960 pour le Marché Commun), tous les autres pays européens qui le voudrons vraiment et qui en accepteront la cause commune*. 
Voir l'article consacré à ce point plus précis (Pour une fusion politique de la France et de l'Allemagne).

*Thomas Piketti préconise, lui, une union préalable composée de la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. Les réactions à mon papier dans l'Obs faisaient aussi état du Bénelux et la Scandinavie dans ce premier cercle... On voit bien l'effet catalyseur que cette première fédération européenne provoquera sur les autres pays faisant cause commune avec l'idée d'une Europe majeure.

Les partis politiques français face à l'idée d'une France fédérale


Pour construire une Europe fédérale primordiale constituée, à notre avis, d'abord de la France et de l'Allemagne, il faut que la France devienne, elle-même, une fédération de régions. 

C’est, sans doute, le principal écueil institutionnel qui pourrait freiner ce rapprochement. Ni la langue, ni les majorités religieuses à l’intérieur de chacune des 13 régions et 16 länders, ni nos mentalités économiques et sociales actuelles ne seront un obstacle rédhibitoire. Mais nous pourrons en reparler par ailleurs.

Dans l’esprit d’une fusion de la France et de l’Allemagne, on peut, bien sûr, imaginer une entité constituée d’un état fédéral et de 2 nations, la France centralisée et l'Allemagne fédérale.
Ce serait, certes, plus simple et plus rapide.
Oui, mais absolument pas réaliste et sans doute voué à l'échec. 
Or la France, même si elle ne veut pas se l’avouer de peur de déclencher des torrents de fureurs jacobines, est déjà dans un processus de fédéralisation.
France fédéraleLe récent redécoupage des régions, pour n’en former que 13, jouissant d’une population et d’un budget conséquent et significativement cohérent avec ceux des 16 länders allemands, ou des 17 communautés autonomes espagnoles, par exemple, en est la preuve.
La décentralisation est un autre marqueur de la fédéralisation. Entamée sous Mitterrand, elle a continué son bonhomme de chemin, et déjà des pans entiers de la gouvernance ont basculé dans les régions. Il ne faudrait que quelques signatures administratives de plus pour compléter un tableau plus « fédéraliste ». Et notre bon vieux Sénat n'attend que cela pour devenir la Chambre des Régions, en faisant simplement translater les élections de ses membres du plan départemental au plan régional. Les français, tout jacobins qu’ils aient été, sont, en fait, aussi attachés à leur ville, ou à leur région qu’à un état centralisateur qui leur apparaît souvent comme ingouvernable. Ils manifestent une confiance pour leurs élus locaux sans égal au plan national.


Il reste donc à parachever une république fédérale en France donc. Oui mais avec qui ?

Oublions naturellement le Parti Lepeniste et les groupuscules souverainistes. Ils sont dans une toute autre logique d’enfermement identitaire « vertical », d’aveuglement de la société dans laquelle ils vivent, et leurs solutions aux problèmes économiques et sociaux sont d’une désarmante cacophonie pour ne pas dire incohérence, ce qui leur permet de ratisser large.

Il est à espérer que dans un cadre fédéral franco-allemand où seront de mise: l’inventivité créatrice, la solidité entrepreneuriale, la solidarité sociale, l’équilibre budgétaire, le chômage réduit au minimum,  la parole commune pesant de manière efficace et juste sur la scène internationale et le poids des régions rétabli, cette bulle populiste se dégonfle.
  
Les Républicains ex-UMP
Chez le parti Les Républicains, du moins lorsqu’il est chaperonné par Nicolas Sarkozy, digne héritier du souverainiste Charles Pasqua qui l’a adoubé en son temps en lui cédant généreusement tous ses mandats successifs et son goût pour une mainmise autoritaire sur l’état, on n’a que faire de régions plus autonomes. Seul le pouvoir central, indivisible et à la botte du gouvernant suprême, l’intéresse. Le LR, parti gaulliste (ou ce qu’il en reste) est encore inféodé à cette centralisation des décisions surtout lorsqu’elles sont contraignantes et uniformisantes (le principe des courants n'y a jamais fonctionné, cf NKM ou même Morano). 
Même si De Gaulle a  soutenu et participé activement à l’émergence d’une Europe mutualiste, en son temps, le parti qui se réclame de son héritage n’est guère en faveur d’une fédération européenne. C’est d’autant plus étrange que l’ex-UMP est pourtant membre du Parti Populaire Européen (PPE) dont les statuts mentionnent dans le préambule qu’il est fondé sur la base, certes, « de la vision chrétienne de l'Homme et de la conception démocrate chrétienne de la société qui en découle », mais aussi « de leur volonté commune de fonder une Union européenne fédérale en tant qu'union de peuples libres et de citoyens conscients de leurs responsabilités », et insiste en indiquant, dans son article 3, que l'un des objets pour la création de l’association (le PPE) est « de promouvoir le processus d'unification et d'intégration fédérale en Europe en tant qu'élément constitutif de l'Union européenne ». Il semble bien que le PPE de la CDU, qui place l’immense logo « Für Deutchland und Europa » au dessus de sa tribune lors de son dernier congrès, celui à l'issu duquel Merkel fut reconduite triomphalement, ne soit pas exactement le même que le PPE de l’ex-UMP !
Et il existe encore à droite, c'est vrai, beaucoup de conservateurs pour qui un rapprochement trop poussé avec l'Allemagne s'apparenterait à une nouvelle capitulation inacceptable.
Mais il serait ridicule de jeter le bébé avec l’eau du bain, tant il y a de dissensions dans ce parti. Dans une recomposition qui ne manquera pas de se produire, surtout si Sarkosy rate la primaire au profit de Juppé, gageons que la fibre européenne de Juppé et de quelques autres (comme Michel Barnier) contaminés par « l’européisme » des centristes du Modem-UDI, saura prévaloir sur l’euroscepticisme. Juppé a promis qu’il ne ferait qu’un mandat. Bien lui en prendrait d’en profiter pour mettre la France en ordre de marche fédérale et commencer réellement un rapprochement fusionnel avec l’Allemagne.

La gauche de la gauche
Le même genre d’euroscepticisme peut, paradoxalement s’appliquer à la gauche de la gauche. Pour des raisons idéologiques, certes différentes, elle prône que "l’Europe capitaliste" est l'ennemi, et ne pourrait être recevable que si elle se colorait préalablement d’un rouge anticapitaliste immédiat, peu lui importe que la grande majorité des habitants d’Europe ne se décident toujours pas à aller dans son sens, par leurs votes. 
Devant une telle rigidité, elle a vu son crédit électoral s’étioler en France depuis 30 ans. De plus la tradition jacobine de cette gauche d'obédience marxiste (pourtant internationaliste) ne l’encourage pas, non plus, à comprendre l’intérêt d’un fédéralisme à la française.
Mais il ne faut désespérer de rien. Le Front de gauche est largement lézardé, et les communistes de Pierre Laurent surtout par la bouche des députés communistes au Parlement Européen se présentent désormais en faveur de l’harmonisation sociale et fiscale européenne, du renforcement des stratégies communautaires d’aide à l’emploi des jeunes, de la création d’un budget européen autonome, de nouveaux droits sociaux et même de la taxe sur les transactions financières, véritable cheval de bataille des euro-fédéralistes.

 Les centristes

Les centristes sont, pour une grande majorité d’entre eux, ouvertement européens et sans doute aussi un peu franco-fédéralistes mais, n’en ont jamais tiré d’avantages probants. C’est que le bipartisme qui a prévalu longtemps en France, focalisé sur une opposition de principe gauche-droite, n’a jamais permis au dossier européen, ni à l’écologie en général d'ailleurs (toutes deux inclassables dans ce schéma binaire simpliste) de rapporter des voix en quantité. C’est aussi que leur engagement au fameux "Centre introuvable", leur a rarement donné la possibilité d’être vraiment des décideurs suprêmes hormis à l’époque de Giscard, et encore.
Aujourd’hui, les scores du Front National, parti au service financier exclusif d’une famille (qui se déchire par ailleurs), comme le furent en leur temps le Parti Péroniste en Argentine, le Parti Nationaliste de Ferdinand Marcos en Indonésie ou le parti communiste des Ceausescu en Roumanie (tous arrivés et maintenus des années au pouvoir par les urnes…) provoquent une nouvelle dichotomie politique. A cause du mode de scrutin français aux élections présidentielles et législatives, la bataille s’engage, pour un temps, entre le FN d'une part, et tous les autres d'autre part, qui se retrouvent, ainsi et malgré eux, embarqués dans le même bateau. Les centristes ont une carte à jouer dans ce rassemblement disparate et en particulier autour du dossier européen. François Bayrou saura-t-il la saisir ou bien sera-t-il, comme chaque fois le dindon d’une farce que sa susceptibilité aura écarté des organes du pouvoir et de la possibilité de peser sur le dossier pro-européen?
En tout cas, il est certain que c’est au sein des rangs dits centristes qu’on peut compter le plus de sympathisants à l’idée d’un fédéralisme à la française et cela représente une force proéminente surtout dans la recomposition désormais moins idéologique des partis traditionnels qui furent au pouvoir ces 50 dernières années.

Les écologistes
Les écologistes sont les bons soldats du fédéralisme européen. Ils sont, à juste titre, viscéralement attachés à cette idée de responsabilité collective et d’organisation régulée de tous les aspects de la vie économique des pays. De Dumont à Cohn-Bendit, ils savent que l’Europe est un minimum et sont, pour cette raison, les meilleurs chantres du fédéralisme européen. Bizarrement leurs plateformes électorales sont moins claires quand il s’agit de fédéralisme franco-français stricto sensu. Ils sont cependant le seul parti ayant en son sein une commission "EELV Régions et Fédéralisme" et ils ont toujours favorisé la décentralisation en région, ont toujours voté les budgets et les lois en sa faveur et même été les moteurs de maintes avancées sur le plan régional. Si le débat du fédéralisme s’ouvrait un jour vraiment, nul doute qu’ils en seraient, là aussi les plus ardents défenseurs et ceux qui en auraient le plus débattu (!). 

Le Parti Fédéraliste
A ce stade il conviendrait de s’interroger sur le Parti Fédéraliste Européen - section française. Si les 7 objectifs de son programme sont dans la ligne orthodoxe d’un fédéralisme européen assumé, il faut aller vérifier dans ses statuts pour constater qu’en effet « il combat pour la construction d’une France fédérale dans une Europe fédérale, fondée sur l’institution de régions fortes représentées à leurs niveaux. »
Mais aucune des actions soulignées sur son site internet ne motive les sympathisants dans ce sens là. Tout est axé sur l’Europe fédérale. Déjà bien !
Doté de moyens financiers dérisoires car sans représentation élective, incapable de réunir les 500 signatures pour une investiture lors d'aucune des élections présidentielles, son image est pâlotte et même son président Yves Gernigon peine à s’imposer dans quelque média que ce soit.
Encore une fois, l’idée fédéraliste n’étant classable ni à droite ni à gauche, le parti « officiel » du fédéralisme manque de relief aux yeux de la bipolarité d'hier. La nouvelle donne du « un contre tous » aux prochaines élections lui permettra-t-elle d‘émerger ou, au contraire, ne continuera-t-il à être qu’une sorte de lobby politique auprès des autres partis? A voir.

Les socialistes

Dans l'ensemble des publications et déclarations du PS, le dossier fédéraliste européen est assez tabou, sans doute par manque de témérité. Et lorsqu’on entre aujourd’hui les mots Europe fédérale sur le site du PS, le seul article convergent qui « tombe », date d’une contribution pour le congrès... de Toulouse en 2012 ( !) au titre chevaleresque « Osons l’Europe Fédérale ». L’histoire ne dit pas combien de votes elle comptabilisa à Toulouse. Le mot fait peur alors qu’il est de notoriété publique que les socialistes sont probablement les plus « fédéral friendly » des dirigeants de ces 30 dernières années.
Lorsque François Mitterrand, lors de son deuxième mandat, s’entend avec le Chancelier Kohl pour, d’une part approuver et faciliter la réunification des deux Allemagne et, d’autre part  (sans doute en contrepartie) obtenir un renforcement de la construction européenne avec, en point d’orgue la création de l’Euro et le traité de Maastricht, il fait œuvre de véritable bâtisseur de l’Europe. Il rejoint ainsi au Panthéon de la France européenne, Jean Monnet, Robert Schuman, De Gaulle, et Giscard; mais en se démarquant des deux derniers qui agissaient pour que l’Europe existe mais pas trop, c’est à dire jusqu’à un certain point de partage de souveraineté à ne pas dépasser. Mitterrand, avec l’appui de l’ensemble du PS, à l’exception notable de Chevènement mais avec Delors, a, lui, lancé le bouchon très loin et sans doute, espérons-le, assez pour rendre l’Union Européenne pérenne, sinon encore efficace, mais en tout cas incontournable et en pilotage pratiquement automatique vers le fédéralisme.
Le PS français est, par ailleurs, très bien "imbriqué" au niveau européen dans le PSE (parti socialiste européen). Il participe assidûment aux travaux de ce parti (et en est même un des principaux contributeurs avec les portugais, les espagnols et les allemands). Des délégations importantes d’adhérents individuels du PS français y sont même bien représentées. Preuve que le fédéralisme ne lui fait pas peur.

Quant à évoquer une fédération franco-française,  cette mention est, semble-t-il, totalement absente des publications et sujets abordés publiquement ces dernières années. Mais comme on l’a dit plus haut, ce silence n’est peut-être en fait que le signe que le Parti Socialiste souhaite avancer masqué sur ce dossier. Car c’est bien lui qui a procédé au redécoupage des régions en entités de taille "européenne" avec chacune un métropole en son sein, et c'est bien lui qui a véritablement mis la décentralisation sur orbite avec Gaston Defferre dès le premier septennat de Mitterrand, c’est lui qui a toujours bataillé contre les « jacobins » souverainistes sur tous les sujets ayant trait au régionalisme, c’est lui encore qui a légiféré en 1982, 1991 et 2015 pour octroyer à la Corse un statut particulier allant jusqu'à la création de la Collectivité de Corse avec pouvoirs législatifs renforcés.
Les régions ont toujours été le cheval de bataille des socialistes lorsqu’ils ne sont pas au pouvoir « central », trustant jusqu’à 2015, à certains moments, la quasi totalité des 22 présidences de régions.
Ségolène Royal a manifesté cette culture de la région par son implication réelle en Charentes-Poitou mais aussi, crânement, dans sa campagne présidentielle de 2006/2007, en prônant une démocratie participative, donc plus décentralisée, se heurtant d’ailleurs au centralisme parisien des instances de son propre parti.
Le PS de 2016 semble également prêt à une plus grande autonomie des régions, n’ayant pas hésité à se « sacrifier » aux dernières élections régionales pour qu’aucune de tombe dans le giron du FN antieuropéen et à un partage des pouvoirs et des décisions avec les acteurs locaux lorsqu’il lui apparaît qu’un partenariat étroit avec les régions peut permettre d’aider à résoudre un problème spécifique comme celui de la formation professionnelle ou de l’apprentissage.
On sait bien qu’aucune région (y compris la Corse) ne peut (et ne souhaite, d’ailleurs) s’émanciper du giron d’un état dont les infrastructures leurs sont nécessaires. Et une vraie constitution française fédérale dans laquelle les attributions effectivement tangibles et les financements correspondants seraient clairement posées et discutés en sincérité, conviendrait bien mieux à leurs populations que le statu quo actuel.
Aujourd’hui si le PS apparaît comme sur les starting-blocks de la construction européenne fédérale et si son analyse rejoint la notre, quant à un ordre logique dans les actions successives à accomplir, incluant au premier abord de doter la France d’une constituions fédérale, encore faut-il franchir le pas. Et les socialistes, seuls, n’iront jamais. Aucun autre parti favorable à cette idée non plus, d'ailleurs.

Alors?
Si une Sixième République fédérale devait voir le jour en France, elle ne pourrait être proposée que par réferendum et ne pourrait être menée à bien dans un consensus large dont les socialistes, les écologistes, les centristes dans leur grande majorité, un nombre conséquent d’électeurs du parti Les Républicains et sans doute une jolie masse d'abstentionnistes habituels, seraient partie prenante.
Si tous ceux là voulaient s’en persuader, individuellement ou en groupe, cela ferait bien une belle majorité...



mercredi 13 janvier 2016

Une fédération des nations du Monde

Si l’on veut donner à nos enfants, et descendants, un minimum de chances sur une planète à peu près vivable ou tout au moins stable, il convient qu’un gouvernement mondial soit en mesure d’assurer quelques tâches de régulation tout à fait essentielles. Et sans doute ainsi de changer le paradigme économique en vigueur dans la mondialisation qu’on connaît aujourd’hui.

La régulation écologique

Régulation de protection et de sauvegarde, pour le partage et la répartition organisés des ressources “finies” de la planète (eau douce, énergies fossiles, etc...) du niveau local  au plan mondial, et donc de l’organisation raisonnée des flux de leurs transports. Mais aussi par la conservation de la diversité biologique garante de la nôtre, par le maintien d’un niveau de la population adapté aux dimensions de celle-ci, de la production et de la répartition des ressources agricoles et alimentaires mises en perspective non plus seulement au niveau de sous-continents (comme par exemple la Politique Agricole Commune Européenne) mais au niveau de la planète entière.
La COP21 a bien montré l’urgence de considérer que l’écologie (pour employer un mot générique) ne peut être soutenue, maîtrisée, encouragée, sur le seul niveau local ni même national ou continental et qu’un consensus mondial doit être réuni. Mais l’ONU, organisateur de ces COP n’a aucun moyen d’en contrôler efficacement l’application ni d’intervenir pratiquement pour que  les nations pauvres ou émergentes n’en subissent les conséquences les plus dramatiques.

La Régulation humanitaire

Véritable “protection civile” mondiale, en charge des secours et du maintien de la paix entre les hommes, les peuples et les nations et qui ne soit téléguidée ni par une ONU où le moindre veto d’un membre du Conseil de sécurité bloque toute efficacité, ni par une super puissance aux intérêts particuliers.
Alors que les secours et l’aide humanitaire se déclinent déjà au plan local, national et parfois international, il semble évident qu’une organisation globale capable de  dépêcher automatiquement et sans états d’âme des spécialistes, des matériels et des vivres auprès de toute population en danger lors de catastrophes humanitaires de large périmètre (guerres, catastrophes climatiques, etc…), se comprend bien à l’échelle de la planète.
Il en va de même pour la police et la justice. Celles-ci doivent, elles aussi, répondre à des objectifs de maintien de l’ordre sur plusieurs niveaux, allant de la sécurité domestique ou citadine (assurée par des institutions judiciaires et les forces locales traditionnelles) jusqu’à la prévention des génocides et autres guerres régionales ou mondiales, et à la répression du terrorisme de masse (pratiqué par ceux dont les visées hégémoniques, religieuses, nationalistes ou autres, ne peuvent aboutir par le simple processus démocratique) et pour lesquelles la maîtrise doit être confiée à une juridiction supra-nationale et à une force armée indépendante des états. On ne parlerait alors plus d’armée mais de police du monde.

Un gouvernement mondial fédéral, ou mutualiste, dont les attributions seraient limitées exclusivement à ces deux domaines génériques de “l’écologie” et de la « protection civile» (avec les corollaires indispensables), est la voie.

Le changement de paradigme économique et social

L'instauration de ces régulations au niveau de la planète conduira immanquablement à établir au sein de cette entité, fédérant toutes les nations du globe, une redéfinition des principes archaïques d’hégémonie territoriale, et partant de là, de la remise en cause du sacro-saint principe qu’on ne peut s’enrichir qu'en exploitant un peuple, une population.
Cette remise en cause, alliée aux gains de productivité dus à la science et à la technologie, conduira, à terme, à la création d’un salaire universel octroyé sans condition à chaque « terrien » pour subvenir à ses besoins basiques (lien ici). A ce jour, l'Alaska l'expérimente depuis 1982, la Finlande l’a prévu pour Janvier 2017, la Suisse, les Pays-Bas l’étudient fortement (Utrecht l'applique depuis 2015 et 30 autres villes hollandaises l'envisagent rapidement), la Namibie, le Brésil ou l’Inde l’ont déjà mis en œuvre pour des populations ciblées...
Les rapports entre les dirigeants d’entreprises et leurs salariés seront de toute évidence réajustés sur un principe plus réaliste (et plus humaniste) mais tout autant porteur de dynamisme et de développement maitrisé, car basé sur un contrat social nouveau où l‘exploitation forcenée de l’homme par l’homme serait non seulement ridicule mais improductive. Assuré d’un minimum vital, le travailleur jaugera alors son implication dans son travail par ses vraies aspirations personnelles, familiales et sociales. Et l’histoire nous a montré que ces aspirations au « plus » (plus de créativité, plus d’ambition, plus de biens matériels, etc…) sont une donnée intrinsèque de la nature humaine. Pas de souci donc, il y aura toujours des Bill Gates et des Ford et des Peugeot et même des Bettencourt… !  Et toujours des ingénieurs inventifs, des artistes avant-gardistes, des managers astucieux, des employés dévoués et plus sereins car sans pression excessive, des travailleurs sociaux pour qui aider l’autre est la plus belle des aspirations, etc…L'expérience durable de l'Alaska a montré que le taux de "désincitation" (oisiveté provoquée par ce revenu) était de moins de 5%.
C'est alors que le vorace indice de mesure de la vitalité des peuples, le fameux PIB (Produit Intérieur Brut), pourra être détrôné par le IDH (Indice de Développement Humain) à l’échelle planétaire. Cet indice existe bel et bien et est déjà largement utilisé par l'ONU pour évaluer le niveau de développement réel des habitants de chaque pays. Il prend en compte la santé/longétivité, le savoir/niveau d'éducation, et le niveau de vie/pouvoir d'achat. Pas aussi utopique que le PNB (Produit National de Bonheur) du petit pays, le Bouthan, qui l'applique pourtant et le promeut partout, surtout au Canada, il apparait quand même comme une façon franchement plus humaniste d'envisager les actions sociétales, économiques et politiques qu'un gouvernement, soit-il national ou mondial, se doit de prendre en faveur de son peuple! On reviendra sur ce point dans un prochain article...


Garante des diversités culturelles, linguistiques, historiques, traditionnelles dans le respect du bien commun des hommes et de la planète, cette république fédérale mondiale verra le jour, tôt ou tard. Il ne peut en être autrement car, même si elle n’empêche pas tout conflit et toute catastrophe naturelle ou humainement provoquée, elle seule pourra en limiter les conséquences à large échelle.

Mais sous quelle forme, comment et quand verra-t-elle le jour cette entité mondiale?

Pour le « quand », il faut laisser la réponse en suspens pour l’instant, tant qu’on n’a pas border le « Sous quelle forme » et le « Comment ».

« Sous quelle forme ».

L'homme a expérimenté, au cours des quelques milliers d'années de son évolution, un grand nombre de "régimes politiques" : de l’anthropophagie tribale à l’esclavage, de la féodalité au nomadisme, de la royauté de droit divin à la démocratie éclairée, du capitalisme ultralibéral au communisme ultra dirigiste, de la dictature au libertarisme, et tant d'autres... Cela lui a forgé un sentiment diffus mais réel que la bonne vie en société doit tenir compte à la fois de son identité verticale (ses ancêtres et son histoire, sa couleur de peau, son sexe, sa langue, sa culture, sa religion d’origine, etc…) et de son identité transversale (le monde dans lequel il vit à l’instant T, entouré de la technologie ambiante, des mœurs, des informations diffusées globalement, des peurs et des espoirs du moment).
Et pour cette raison c’est probablement la démocratie fédérale qui remplit le mieux cette synthèse harmonieuse de ses deux identités.
   
La fédération mondiale prendra certainement la forme constitutionnelle d’un parlement bicaméral constitué d’une chambre des nations (nations entières ou régions ayant choisi l’autonomie par rapport à leur tutelle précédente), où elles pourront défendre leurs intérêts particuliers bien légitimes afin de préserver leurs spécificités et leurs cultures, et d’une chambre des peuples élue sur le principe d’un terrien adulte = une voix.
Ensemble ces deux chambres contrôleront l’exécutif élu, lui aussi, au suffrage universel (qui porterait alors bien son nom) mais avec des pondérations constitutionnelles afin que les habitants d’une nation hyper peuplée ne prennent pas systématiquement le pouvoir exécutif de par leur nombre. Pour cela, la constitution suisse peut servir de modèle, qui dévolue à chaque grande entité géographique un membre de l’exécutif. Ces 6 membres élus pour 6 ans sont tour à tour chef du collège exécutif pendant un an chacun.
Dans notre cas, on peut imaginer que chacun des 5 continents représente une entité géographique. Mais on pourra certainement affiner pour plus d’équité et d’efficacité. Les constitutionnalistes sont là pour cela ! Et la constitution doit, de plus, être révisable sur ces points pratiques.


« Comment ».

Le XIXième et le XXième siècles ont fourmillé d’idées. Des rousseauistes aux utopistes, des républicains universalistes aux fouriéristes, des occultistes aux monarchistes et bonapartistes, des communistes aux ultralibéraux... Tous se sont heurtés aux nationalismes toujours ranimés à la suite de guerres de conquête ou de revanche, d’hégémonies suicidaires de tyrans expansionnistes quand ils n’étaient pas tout simplement mus par la présupposée suprématie de leur race d’origine.

La fin de la deuxième guerre mondiale a marqué un regain pour une gouvernance du monde qui garantirait que les horreurs vécues partout (ou presque) sur le globe ne pourraient plus être possible.
Le mouvement des Citoyens du Monde aurait pu être le ferment de ce gouvernement mondial quand Garry Davis, son instigateur, interrompait la réunion plénière des Nations Unies installée alors au Palais de Chaillot en 1948 et que Camus relayait son message universaliste dans un café voisin.

monde fédéral fédération régulation ecologique humanitaireDavis voyait déjà ce que l’ONU allait devenir : une conférence de nations-états totalement bloquée par son système de veto octroyé aux vainqueurs de 39-45 et incapable de faire face au plus insignifiant des conflits en cours ou à venir. Il y pointait surtout le manque de démocratie et l’absence de suffrage universel pour le diriger.
Mais son message ne fut pas relayé longtemps dans les médias et même si Albert Camus, Albert Einstein, Charlie Chaplin, André Gide, Jean-Paul Sartre, André Breton, l’Abbé Pierre participèrent un temps à ses conférences et prises de parole, les idéologies et les préoccupations variées des uns et des autres les en détournèrent.
Les Citoyens du Monde existent toujours comme association plurinationale mais elle végète par manque évident de moyens au point que même son site internet semble s'être fait phagocyter par des groupes fascistes et identitaires comme le sinistre Réseau Voltaire!

Aussi, il est plus probable que la prise de conscience se fera par un autre biais plus dynamique (espérons que ce ne sera pas à nouveau à la suite d’une guerre mondiale sanglante...). Pour cela, il faut des leaders d’opinion crédibles, communicants convaincus et un commencement de rassemblement planétaire par entités supra-nationales de base.

Je crois, pour ma part, en effet, que de grandes entités géographiquement et économiquement homogènes vont se former et donneront ensuite naissance à cette supra-nationalité mondiale de l’écologie et du maintien de la paix.

Il est indéniable que le chemin que les 28 pays européens ont déjà parcouru ensemble pour fonder l’Union Européenne est une preuve (encore fragile et timorée) de ce regroupement de nations en Europe, mais observons aussi l’entité Canada-USA-Mexique, celle de l’Amérique du Sud qui regroupe le Brésil, l’Argentine et quelques autres pays, mais aussi en Asie où les rapprochements entre la Chine, l’Inde, le Japon et la Corée sont patents, et en Afrique où il ne manque que quelques leaders charismatiques pour provoquer une mutualisation des ressources et des réseaux de communication pour qu’un embryon d’entité voit le jour. Et même ce qui se passe actuellement dans le Moyen-Orient et le monde arabe dans sa globalité, de façon désordonnée, violente et sanguinaire, amène à penser qu’une recomposition de cette région est à l’œuvre.

Or ces entités géographiques, toutes concernées, constatent bien vite leur impuissance, quand une guerre impitoyablement sanglante jette des millions de personnes sur les chemins d’un exil où bientôt nul ne pourra les accueillir faute de ressources sociales, alimentaires ou énergétiques...lorsque le réchauffement climatique et la montée des océans risquent de produire les mêmes effets, ou lorsqu’un volcan recrache (comme cela s’est déjà produit) des milliards de tonnes de cendres dans l’atmosphère, influant sur la santé, sur l'économie, sur la survie de milliards de personnes vivant à des milliers de km de là.
Il faudra bien alors se rendre à l’évidence (et cette prise de conscience peut être rapide) que seule une entité supra-nationale et mondiale peut régler ces problèmes. 
Il n’est pas sain que ces enjeux soient seulement envisagés, comme aujourd’hui,  sous l’angle de quêtes de charité sur la voie publique pour des ONG diverses et variées (sans hiérarchie des besoins, sans plan global: je donne plus pour le tsunami que pour le Darfour, plus pour le Sida que pour le virus d’Ebola, etc...) ou à la discrétion, certes généreuse, de grands milliardaires internationaux qui, avec leur fondations philanthropiques, peuvent eux aussi agir sur un domaine plutôt que sur un autre, abandonnant tout un secteur d’action par conviction religieuse, personnelle ou par simple désinformation.
Ces enjeux doivent être réglés sur un plan mondial avec toutes les règles de transparence que la démocratie peut assurer.

Cette prise de conscience à partir des entités géographiques, historiques et économiques homogènes sera une obligation autant par souci d’efficacité que de principe de survie. 

Pour une fusion politique de la France et de l’Allemagne!

--> Et si, après plus de 60 ans de « fiançailles », le couple franco-allemand décidait ENFIN de se marier…!

-->
De Gaulle et Adenauer 1962
Merkel et Hollande 2013
Mitterrand et Kohl 1984



Cette année 2015 aura marqué l’échec patent de l’Union Européenne dans tant de domaines (absence de cohérence réactive face aux crises terroriste, migratoire, économique, écologique, et même sociale), et la montée parallèle des partis nationalistes, étriqués et xénophobes partout en Europe.

Le temps est venu de créer l’électrochoc salutaire et véritablement fondateur d’une Europe politique. L’Europe, dans ses institutions actuelles, ne fonctionne pas. Et il sera trop difficile de la réformer à 28 ! C'est aujourd'hui une évidence. La Grande Bretagne, la Hongrie, la Pologne, et trop d’autres pays de l’Union, ne sont pas prêts pour se fondre politiquement dans une cause commune européenne.

Imaginons donc la fusion de nos deux pays, l’Allemagne et la France, et son impact sur le reste de l’Union.

  • Un même pays, fédéral (13 régions, 16 länders),
  • une même nationalité, (147 millions d’habitants),
  • une même entité géographique interconnectée depuis longtemps,
  • une capitale fédérale qui pourrait être Bonn à égale distance de Paris et Berlin (où toutes les infrastructures de capitale, du temps de la RFA, existent encore),

Cette entité dispose déjà :
  • d’une même monnaie, l’Euro,
  • d’intérêts économiques déjà largement convergents (4ième et 6ième économies mondiales),
  • d’une politique extérieure aux buts communs,
  • d’une préoccupation écologique intimement liée,
  • d’un même niveau de vie,
  • de conditions sanitaires et sociales équivalentes,
  • des siècles de guerres et des conflits fratricides ayant construit une histoire aujourd’hui devenue commune,
  • d’une identité culturelle, artistique, universitaire, scientifique cohérente et complémentaire depuis des siècles…

Leader économique incontesté de l’Union Européenne et de la zone Euro, forte de la première économie européenne et de la troisième mondiale, la fusion fédérale de nos deux pays apparaitra inévitablement comme un catalyseur que les autres pays véritablement partisans de la cause commune européenne voudront, à leur tour, et à leur rythme, rejoindre, tôt ou tard.

Dès mars 1950, Konrad Adenauer, chancelier de RFA, évoque, dans une interview au journaliste américain Kingsbury-Smith, le projet d'une fusion politique et économique des deux pays, la mise en place d’un Parlement unique et d’une nationalité commune et la possibilité pour d’autres pays européens de rejoindre ce noyau franco-allemand pour former ainsi la pierre angulaire des États-Unis d’Europe.
Le général de Gaulle est, alors, parmi les hommes politiques français, le seul qui ne dénigre pas le projet d’Adenauer. Il salue, à l'occasion d'une conférence de presse tenue au Quai d'Orsay, l'idée du chancelier, d'une union entre la France et la République fédérale d'Allemagne.

65 ans ont passé.

L’Union Européenne s’est créée et agrandie mais le sacro-saint principe des états-nations souverains l’a laissée sans colonne vertébrale politique, sans autre idéologie que la libre économie de marché et son corollaire consumériste. Devant cette faiblesse politique, les nationalismes, dopés au populisme et à la xénophobie, s’exacerbent.

L’égoïsme des états-nations n'offre aucune réponse à la soif de notre jeunesse pour la justice sociale, la lutte contre les inégalités et discriminations géopolitiques, la protection tant sécuritaire qu’écologique des populations. On le voit bien face aux groupes terroristes trans-nationaux, aux idéologies fascistes et violentes des religieux prosélytes et aux problèmes environnementaux.

Notre génération ne peut rester sans espoir à offrir à ses enfants.
Quel terrible échec citoyen serait de n’avoir à leur proposer que l’individualisme consumériste forcené, comme seule consolation à notre faillite politique.

La fusion de la France et de l’Allemagne, sera ce nouveau rebond à la création d’une identité politique et humaine de l’Europe. L’agrégation petit à petit des autres pays « compatibles » sera le chantier de ce 21ième siècle pour nos jeunes européens.

Ils auront, certes, toujours à réfléchir aux solutions à trouver pour l’avenir de leur sous-continent, aux actions à prendre pour s’adapter aux changements, aux crises, aux dangers et aux bienfaits que le progrès et la nature impliquent, mais ils auront alors un poids légitime pour le faire ensemble et dans le cadre de la démocratie représentative directe, ou chaque européen a une voix pour en décider.

Si nous sommes quelques uns à penser qu’il est temps de mettre en mouvement cette proposition de fusion franco-allemande, en un état fédéral préliminaire, alors faisons-le savoir franchement et sans attendre. Sinon, il est à craindre que l’implosion de l’Europe n’emporte avec elle bien plus que les espoirs des seuls 28 états-nations du sous-continent.





Cet article a été publié dans l'édition papier du magazine L'Obs de fin décembre 2015 (en extrait) et intégralement sur le site du magazine le 2 Janvier 2016 (54.000 lectures) donnant lieu à des dizaines de commentaires. Il a été repris dans d'autres sites moins sérieux dont celui-ci.

vendredi 1 janvier 2016

Mes livres préférés du moment

Les identités meurtrières, de Amin Maalouf, Livre de Poche, 1998
Nos identités en strates successives ne doivent pas masquer notre appartenance à la grande chaine humaine... Magnifique essai. Un texte court et enthousiasmant. A lire absolument!
Prix Goncourt 1993, académicien, Amin Maalouf, libanais de naissance, est, par ailleurs, l'oncle de Ibrahim Maalouf, le génial trompettiste. Quelle famille!

Ce pays qui aime des idées, de Sudhir Hazareesingh, Flammarion, 2015
Un britannique, prof d'Oxford, amoureux de la France, et de notre propension à débattre de tout, reprend l'histoire des pensées françaises de Descartes à Finkielkraut, dans une langue et une limpidité formidables. Drôle, en plus! Un livre de référence indispensable.
Originaire de l'Ile Maurice, Sudhir Hazareesingh est un véritable francophile, ce qui ne l’empêche pas d'égratigner nos penchants à la sur-théorisation, à la binarité simpliste dans nos oppositions et à notre célèbre pessimisme politique. Un seul bémol, la photo de couverture...

Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes, de Charb, Les Echappés, 2016
Où Charb expliquait le danger à utiliser le terme d'islamophobie, quand on ne veut parler que de lutte contre l'intégrisme musulman. Un texte foutraque et pourtant très éclairant.
Envoyé à l'éditeur seulement 2 jours avant l'attentat à Charlie Hebdo du 7 janvier 2015 où il perdit la vie au milieu de ses collègues.